Définition de la NEC
L’entérocolite nécrosante (NEC) est une affection grave qui peut survenir à la suite d’une naissance prématurée. Elle se caractérise par une inflammation de l’intestin qui empêche l’alimentation entérale et peut nécessiter une intervention chirurgicale. Elle est associée à un taux de mortalité élevé, dépassant les 20 %. L’incidence de la NEC est plus élevée dans les unités de soins intensifs néonatals (USIN) et elle est plus fréquente chez les bébés nés à un âge gestationnel faible¹.
Une maladie multifactorielle
La NEC est considérée comme une maladie à étiologie multifactorielle, impliquant des facteurs tels que l’immaturité des systèmes intestinal et immunitaire, l’hypoxie, une altération du microbiote, ainsi que l’utilisation de certains médicaments, le mode d’accouchement et la nutrition².
La prématurité
La prématurité est le facteur de risque le plus important de la NEC. Les nourrissons nés avant 32 semaines de gestation présentent une immaturité des systèmes cardiovasculaire, respiratoire, gastro-intestinal et immunitaire, ce qui les rend particulièrement vulnérables³. L’intestin immature se caractérise par un péristaltisme réduit, une muqueuse fine et une perméabilité accrue, ce qui peut favoriser la translocation bactérienne et l’inflammation.
La nutrition entérale
L’introduction rapide ou en grands volumes de l’alimentation entérale peut augmenter le risque de NEC⁴. Bien que l’alimentation entérale soit essentielle au développement neurologique des nourrissons prématurés, elle peut perturber le microbiote intestinal, en réduisant la diversité microbienne et en favorisant la prolifération de bactéries pathogènes. Ce risque est particulièrement marqué lorsque les nourrissons sont nourris avec des préparations à base de lait de vache plutôt qu’avec du lait maternel, qui a démontré des effets protecteurs.
Facteurs gastro-intestinaux
L’immaturité du système gastro-intestinal constitue un facteur de risque majeur de l’entérocolite nécrosante. Le tractus digestif se développe tout au long de la grossesse, tant au niveau tissulaire que fonctionnel. En cas de naissance prématurée, ce développement est interrompu, entraînant un intestin immature. Cette immaturité contribue à la NEC par une combinaison de facteurs incluant l’infection, l’inflammation et l’alimentation entérale⁵. L’intestin immature tolère moins bien l’alimentation entérale, ce qui peut favoriser l’inflammation et augmenter le risque de NEC. Une gestion rigoureuse de l’alimentation peut contribuer à réduire ce risque.
Par ailleurs, des altérations du microbiote intestinal sont également impliquées dans la NEC. L’utilisation d’inhibiteurs de la pompe à protons (IPP) ou d’antagonistes des récepteurs H2 (destinés à réduire l’acidité gastrique) peut modifier le pH intestinal, favoriser la croissance de bactéries inflammatoires et entraîner une inflammation de la muqueuse, rendant les nourrissons plus vulnérables à la NEC⁶.
Pathologies associées
Plusieurs affections médicales et interventions peuvent augmenter le risque d’entérocolite nécrosante. Cela inclut : les malformations cardiaques, les obstructions intestinales, ou encore une fonction respiratoire altérée.
En effet, les troubles respiratoires fréquents chez les prématurés, tels que la dysplasie bronchopulmonaire, réduisent davantage l’oxygénation des organes, y compris de l’intestin. Certains médicaments à effet vasoconstricteur peuvent également réduire la perfusion intestinale, aggravant ainsi le risque de nécrose.
Facteurs liés aux dispositifs
La mise en place du système ENFit dans les unités de soins intensifs néonatals pourrait augmenter involontairement l’incidence d’entérocolite nécrosante, en raison de la conception des connecteurs, qui peut rendre le nettoyage plus difficile et accroître le risque de colonisation microbienne et de contamination⁷.
Conclusion
L’entérocolite nécrosante reste un défi majeur dans la prise en charge des nourrissons prématurés. Bien que les causes exactes de cette pathologie ne soient pas encore complètement élucidées, une gestion optimisée et un suivi médical attentif permettent de réduire son incidence et sa gravité. La recherche continue est essentielle pour mieux comprendre les mécanismes sous-jacents et améliorer les protocoles de prévention et de traitement pour les nourrissons à risque.
Bibliographie
- National Neonatal Audit Programme. (2024). National Neonatal Audit Programme 2023 Data: Extended Analysis Report. Royal College of Paediatrics and Child Health.
- Christian, V. J., Polzin, E., & Welak, S. (2018). Nutrition management of necrotizing enterocolitis. Nutrition in Clinical Practice, 33(4), 476-482.
- Shulhan, J., Dicken, B., Hartling, L., & Larsen, B. M. (2017). Current knowledge of necrotizing enterocolitis in preterm infants and the impact of different types of enteral nutrition products. Advances in nutrition, 8(1), 80-91.
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- Terrin, G., Passariello, A., De Curtis, M., Manguso, F., Salvia, G., Lega, L., … & Canani, R. B. (2012). Ranitidine is associated with infections, necrotizing enterocolitis, and fatal outcome in newborns. Pediatrics, 129(1), e40-e45.
- Girgenti, C., & Hyde, J. (2024). Understanding Feeding Tube Risks Associated with Necrotizing Enterocolitis
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