Comment la pression positive prévient l’occlusion de la chambre implantable : preuves et technique

Campus Vygon

4 Nov, 2025

Lors du retrait d’une aiguille de Huber d’une chambre implantable, des complications telles que l’occlusion peuvent survenir. Il s’agit de l’une des principales complications des dispositifs d’accès veineux centraux (CVAD), touchant jusqu’à 1 cathéter sur 3¹ et pouvant entraîner des conséquences graves, voire fatales.

Pour réduire ces risques, plusieurs techniques sont utilisées. Parmi elles, la pression positive joue un rôle central. Cette technique est importante lors du retrait de l’aiguille de Huber pour préserver la perméabilité du cathéter et éviter le reflux sanguin, garantissant ainsi un accès sécurisé à la chambre implantable sans causer de dommages.

Cet article analyse la technique de pression positive, son intérêt clinique et présente les bonnes pratiques pour une application correcte.

Qu’est-ce que l’occlusion du cathéter ?

Selon Moureau¹, l’occlusion du cathéter se définit comme un blocage partiel ou complet d’un dispositif d’accès vasculaire (VAD) qui limite ou empêche l’aspiration sanguine, le retrait, le rinçage du cathéter, la transfusion sanguine, ainsi que l’infusion de solutions, médicaments ou produits.

Les occlusions peuvent être classées comme suit⁵ :

  • Queue de fibrine : Un filament de fibrine adhère à l’extrémité du cathéter et s’étend dans la circulation sanguine.
  • Thrombus intraluminal : Un caillot sanguin se forme à l’intérieur de la lumière du cathéter, entraînant souvent une obstruction complète.
  • Thrombus mural : La fibrine issue d’une lésion de la paroi vasculaire se lie à la fibrine du cathéter, formant un caillot attaché aux deux.
  • Gaine de fibrine : La fibrine recouvre la surface externe du cathéter, formant une « chaussette » autour de celui-ci.

Occlusions thrombotiques du cathéter

Le reflux sanguin, l’une des principales causes d’occlusion

L’occlusion lors du retrait de l’aiguille est principalement causée par le reflux sanguin.

Dans 99% des cas, un effet de succion est créé lors du retrait de l’aiguille, en raison de l’adhésion entre l’acier de l’aiguille et le silicone du septum². Ce mécanisme entraîne un reflux sanguin à l’extrémité distale du cathéter, pouvant provoquer une obstruction.

Que se passe-t-il quand une aiguille de Huber est retirée d'une chambre implantable ?

L’utilisation de la pression positive pour prévenir l’occlusion

La technique traditionnelle de « pression négative » (rinçage – clampage – retrait) ne suffit pas à prévenir la formation des dépôts sanguins.

Ainsi, les recommandations internationales préconisent d’autres techniques pour éviter l’occlusion lors du retrait, la plus efficace étant la pression positive. Cette méthode consiste à injecter du liquide dans la chambre implantable tout en retirant simultanément l’aiguille de Huber.

En maintenant un flux direct pendant le retrait, la pression positive contrecarre la pression négative qui attirerait autrement le sang dans le cathéter. Une étude de Kelly et al. a confirmé que le retrait à une main avec pression positive était plus efficace que le simple rinçage sous pression positive pour minimiser le reflux.

Une autre étude de Lapalu³ a montré que sans application de pression positive, un reflux sanguin a été observé dans presque tous les cas (99,1%). En parallèle, l’application de la pression positive lors du retrait de l’aiguille de Huber a réduit l’incidence du reflux de près de 80 %, passant de 99 % à 22 %.

Incidence du reflux sanguin sans pression positive vs avec pression positive

Comparé au rinçage pulsé et à la pression négative, la pression positive s’est avérée nettement plus efficace pour minimiser le reflux. Il est toutefois important de ne pas la confondre avec le rinçage pulsé, qui consiste en un rinçage « push-pause » destiné à éliminer le biofilm du cathéter et de la chambre implantable.

Comment réaliser une pression positive : les différentes étapes

Comment_effectuer_une_pression_positive

Quel type d’aiguille de Huber est le plus adapté à la pression positive ?

Plusieurs types d’aiguilles de Huber sont disponibles aujourd’hui. Chacune présente des mécanismes différents pour réduire le reflux sanguin et le risque d’occlusion lors du retrait. Ces dispositifs peuvent être regroupés en deux grandes catégories :

  • Aiguilles de Huber unimanuelles (UMHN) :

Les UMHN nécessitent une pression positive manuelle lors du retrait. Elles incluent un système/mécanisme de sécurité qui protège l’infirmier/ère des piqûres accidentelles. Ces aiguilles offrent une ergonomie améliorée et une manipulation plus fluide, mais reposent toujours sur la technique de l’utilisateur.

Malgré le design amélioré, le taux de reflux résiduel reste élevé (16 %) lorsque la pression est appliquée manuellement.

  • Aiguilles de Huber à pression positive automatique (AHN+) :

La dernière génération d’aiguilles, telles que les AHN+, intègre un mécanisme automatique de pression positive. Lors du retrait, une ligne de connexion est comprimée contre le piston, injectant automatiquement du sérum physiologique dans la chambre.

Ce système permet un retrait sécurisé à une main pour le clinicien et une prévention efficace du reflux sanguin pour le patient. Il élimine la variabilité liée à l’utilisateur, garantissant des performances constantes quel que soit l’opérateur.

Les résultats montrent un taux de reflux résiduel nettement inférieur avec ce type d’aiguille (7,2 %).

Aiguilles de Huber unimanuelles (UMHN) vs Aiguilles à pression positive automatique (AHN+)

L’occlusion est une complication fréquente lors du retrait de l’aiguille de Huber, mais elle peut être efficacement prévenue grâce à des techniques et dispositifs adaptés.

La pression positive s’est révélée être une solution efficace, soutenue par les recommandations internationales. Associée à une aiguille de Huber à pression positive automatique, cette méthode réduit considérablement le reflux sanguin et contribue à minimiser le risque d’occlusion du cathéter.

Bibliographie :

  1. Moureau, N., Gorski, L., Flynn, J., & Johnson, K. (2025). A systematic review of needleless connector function and occlusion outcomes: Evidence leading the way. Journal of Infusion Nursing, 48(2), 84–105. https://doi.org/10.1097/NAN.0000000000000578
  2. Dupont, C. (Ed.). (2012). Guide pratique des chambres à cathéter implantables: Utilisation et gestion des complications (1st ed., pp. 202–203). Lamarre.
  3. Lapalu, J., Losser, M.-R., Albert, O., Levert, A., Villiers, S., Faure, P., & Douard, M.-C. (2010). Totally implantable port management: Impact of positive pressure during needle withdrawal on catheter tip occlusion (an experimental study). Journal of Vascular Access, 11(1), 46–51. https://doi.org/10.1177/112972981001100110 [europepmc.org]
  4. Linda J. Kelly, Constance Girgenti, Tracy Jones (2024). Observational Experiment of Catheter Reflux During Huber Needle Withdrawal. WoCoVA.
  5. 5. Canadian Vascular Access Association (CVAA). (2019). CVAA occlusion management guideline for central venous access devices (CVADs) (2nd ed., Vol. 13, Suppl. 1). CVAA.
  6. H.Levert, O.Albert, E.Barret, S.Villiers, & MC.Douard. (2014). A randomized experimental comparision of two safety Huber needles (HN) allowing manual or automatic positive pressure during needle removal: effect on the distal catheter reflux. WoCoVA

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